KALAWEIT, une ONG en danger qui se bat pour la biodiversité

Dans un contexte international globalisé imposant des règles économiques de plus en plus violentes pour fonctionner, le rôle des ONG est capital pour alerter l'opinion publique internationale et essayer d'agir en contrepoids du bulldozer Industriel. Même si le combat reste inégal en terme de moyens et d'actions, il n'en demeure pas moins essentiel et représente une vraie lueur d'espoir pour sauvegarder au maximum ce qui peut encore l'être. Parmi toutes les initiatives existantes en Asie du Sud Est, celle du français Aurélien Brulé dit « Chanee » Directeur et fondateur de Kalaweit. Cette ONG vise à la préservation des gibbons ainsi toute espèce sauvage en danger et par extension,  leur milieu naturel : la jungle de Bornéo & de Sumatra.


 

Genèse d'un projet


Dès l'adolescence, Aurélien Brulé est fasciné par les Gibbons. Il les étudie en milieu captif dans les zoos, dès que son emploi du temps le lui permet. Il s'intéresse à leurs conditions de captivités difficiles à une époque où aucun programme international n'existe pour les sauvegarder dans leur milieu naturel. On en trouve essentiellement au Laos, en Thaïlande et en Indonésie sur les Iles de Sumatra et de Bornéo.  Aurélien étudie leur comportement, prend des notes, apprend à « parler Gibbon. » Il nourrit l'idée de devenir primatologue et de participer activement à la sauvegarde des gibbons dans leur milieu naturel. Mais il n'a pas d'argent. Les années passent. On est en 1998, Aurélien a 18 ans et se dit qu'il perd du temps. Il a déjà beaucoup appris sur les gibbons et l'envie de se confronter à la réalité du terrain le démange. A la fin des années 90, un journaliste de Match s'intéresse à l'histoire de ce gamin obstiné qui se bat pour réaliser son rêve. Le destin s'emmêle. L'article tombe entre les mains d'une lectrice providentielle. Elle trouve les coordonnées du jeune homme et le contacte. Le courant passe, ils se lient d'amitié. Elle va lui permettre de se lancer et de réaliser son rêve. Aurélien crée l'Association Kalaweit. Sa bienfaitrice deviendra la marraine de l'association, il s'agit de Muriel Robin.

 

Au cœur du problème


Aurélien part pour la Thaïlande et le Laos afin d'étudier les Gibbons noirs dans leur milieu naturel. Accompagné de guides, il part plusieurs mois dans la jungle. Ces derniers le surnomment « Chanee » (Gibbon en langue Thaï). Au même moment, il apprend que d'immenses feux ravagent l'Indonésie.

La situation est dramatique. Aurélien sait que c'est là-bas qu'il doit apporter son aide aux Gibbons. Il pose ses bagages à Jakarta, en plein chaos politique. Jakarta est sous le coup de graves émeutes qui ont poussé le Président Soeharto à démissionner après 31 ans  de dictature. L'armée est dans les rues.  Ca n'empêche nullement Chanee de prospecter la région à la recherche d'un site, multipliant les rencontres et les démarches administratives auprès des autorités pour qu'on lui confie un emplacement où il pourra commencer à travailler. Dans ce contexte explosif, les décisions tardent, il faut savoir rester patient. Mais le temps presse autant pour les Gibbons que pour Aurélien qui manque d'argent. Sans aucune subvention de l'Etat, il doit en effet conserver un maximum de fonds pour la réalisation de son projet. Durant cette attente, il fait la rencontre d'un jeune Indonésien avec qui il sympathise. Ce dernier l'invite à vivre auprès de sa famille dans un bidonville de Jakarta. Il y passera 7 mois avant d'avoir ses autorisations, mais aura entre temps acquis un atout essentiel : il a appris à parler Indonésien.

 

Sur le terrain

Il existe deux espèces de gibbons à Bornéo. Le Gibbon Muelleri, caractérisé par un pelage épais, des doigts noirs, et un dos de couleur uniforme et le Gibbon Agilis doté de mains noirs jusqu'au poignet, triangle clair sur le dos et pinceau blanc. Le cri des femelles Muelleri est reconnaissable par des petits sons saccadés tandis que celui des femelles Agilis est plus long. Ces deux espèces cohabitent et peuvent se reproduire entre elles à l'état naturel. Leur taille varie de 40cm à 1m, ils pèsent de 5 à 10 kg et ont une espérance de vie de 35 ans dans leur milieu naturel.



Deux antennes de l'Association fonctionnent actuellement en Indonésie. L'une sur l'Ile de Sumatra, l'autre sur l'Ile de Bornéo. Les problèmes rencontrés sont de même nature. Des gibbons victimes de la chasse, du marché noir, des incendies… Lors de l'abatage des forêts, les bûcherons sous payés trouvent un complément de salaire non négligeable dans la capture de singes, notamment de jeunes Gibbons, très prisés par la population comme animaux de compagnie. Durant le processus de capture,  la mort d'au moins un des deux parents est inévitable. Pour le braconnier, les adultes n'ont aucune valeur marchande. Le Gibbon étant monogame « ad vitam », le survivant du couple, s'il existe, ne refondera plus jamais une famille. Il est condamné. Le sort des jeunes capturés n'est pas plus enviable. Leur espérance de vie dépassera rarement les 7 ans, âge de leur maturité sexuelle auquel ils doivent naturellement quitter leurs parents et se mettre en couple pour fonder leur famille. Maturité hormonale aidant, ils deviennent plus agressifs. Leurs incisives devenues de véritables poinçons qui atteignent 2 à 3 cm, les morsures peuvent être dangereuses. L'animal est alors souvent enchaîné avant d'être tué.


 

Le projet Kalaweit est destiné à sauver ces jeunes captifs chez les particuliers avant d'en arriver là. Puis vient l'étape de les soigner des maladies attrapées le plus fréquemment au contact des hommes, en vue de leur réintroduction à la vie sauvage. Ils sont le plus souvent atteints d'Hépatite A, B, Typhoïde, Tuberculose, pneumonie ou Herpes Simplex, anodin pour l'homme, mais mortel pour le Gibbon, sans compter le Paludisme ou la Dingue.


 

 

Le projet Kalaweit


Une fois récupéré, un long processus d'apprentissage est mis en œuvre pour permettre aux gibbons de faire renaitre leurs comportements naturels, indispensables  à leur réintroduction. Ce programme porte sur l'alimentation, la vie de couple, le chant, les déplacements…

 

Etape 1 (3 à 4 mois) : Observations, prélèvements et analyses génétiques. Sélection des animaux (degré d'imprégnation, âge, santé).
Soins et isolement des animaux atteints de maladies chroniques. Sevrage.   

 

Etape 2 (1 à 4 ans) :  

Formation de groupes (3 à 4 individus) dans de grandes volières. 

Diminution du contact visuel avec les humains. 

Observation des contacts sociaux afin de déterminer les filiations, dans la perspective de former des couples 

 

Etape 3 (6 mois à 3 ans) :  

Formation de couples, isolés dans de grandes volières. 

Formation de groupes provisoires.

Observation des capacités des individus pour la réhabilitation.

Observation des accouplements.

Si l'animal est guéri et qu'il peut se mettre en couple, il a toutes les chances d'être relâché en zone protégée.

Un autre pan du programme, essentiel à la survie du projet, consiste a travailler de manière étroite avec les populations locales et les écoles pour qu'elles comprennent la démarche, adhèrent voir s'investissent personnellement. C'est ainsi que d'anciens chasseurs sont devenus protecteurs en travaillant pour Kalaweit. De la même façon, les interventions pour récupérer les animaux ne pourraient se faire sans la participation des habitants, voisins qui prévient l'association de la détention d'un animal sauvage dans une famille. Un énorme travail de communication et de compréhension est mené sur place pour évaluer les solutions éco-responsables. Dans cette optique, Chanee a créé en 2000 une émission de radio locale Kalaweit FM qui lui permet de sensibiliser mais aussi d'échanger sur tous types de problèmes quotidiens rencontrés par la population locale.

En l'absence de toute aide di gouvernement et de tout contrôle officiel des zones protégées et de tous les moyens pour faire respecter la loi, Kalaweit a dû s'adapter en s'appuyant sur le seul bon vouloir de la population. Les résultats sont probants. De la négociation avec les bucherons pour éviter qu'ils ne s'attaquent à certaines essences rares ou à des zones protégées à la lutte contre le braconnage de singes, notamment de macaques  qui servent d'appât vivant pour la chasse au python. A plus grande échelle, le combat contre la déforestation « Industrielle » est plus dur à mener. Mais il existe.

  

Infrastructures

Le centre (Care Center) est situé dans la ville de Palankaraya. C'est le nerf de l'Association. A la fois centre de communication et de premiers soins des animaux récupérés chez les particuliers.

Jusqu'en décembre 2009, le site sanctuaire de l'ile d'Hampapak, ouvert en 2002, était  au cœur d'une concession gouvernementale de 1000 hectares. C'était le principal centre de réhabilitation entourée par la rivière Kayahan Rungan. Un atout recherché par Aurélien pour éviter que les animaux malades n'entrent en contact avec les populations sauvages de singes – à l'exception des macaques qui sont d'excellents nageurs – Elle se trouvait à deux heures en pirogue de Palangkaraya, au cœur de la jungle et disposait d'une infirmerie et de nombreuses volières individuelles ou familiales qui accueillent près de 150 Gibbons.  En fonction de l'urgence et des possibilités d'accueil, tous types d'animaux sauvages en danger, oiseaux ou mammifères, sont également accueillis à titre provisoire.

Enfin, le site de relâché sur l'ile de Mintin.

 

Le programme K.I.A.P.

Le KALAWEIT International Adoption Program donne une chance à tout un chacun d'apporter sa contribution à la préservation et à la sauvegarde des gibbons en Indonésie pour leur donner la chance de retourner un jour en forêt… Il permet d'adopter un gibbon et de l'aider tout au long de son processus de réhabilitation. C'est un moyen de mieux comprendre la complexité des efforts de l'équipe Kalaweit, en suivant en temps réel les progrès, les difficultés et les perspectives d'avenir du jeune orphelin.

 

 

Financer la croissance…


En Décembre 2009, le site d'Hampapak fermait ses portes. L'Association s'est installée plus en profondeur dans la forêt primaire au coeur d'une nouvelle reserve de 5000 hectares. Il était temps, le site d'Hampapak  et la zone de relâchée arrivaient à saturation. L'ensemble des animaux va être transféré par hydravion sur le site de Muarateweh. L'intégration de ce nouveau sanctuaire est une aubaine mais aussi un défi. L'association doit se réorganiser et trouver de nouveaux moyens pour survivre.


 

Le financement est essentiellement assuré par les partenaires et les dons privés. C'est  un des principaux moyens d'action, avec l'adoption, pour lutter en faveur de la réhabilitation des gibbons de Bornéo, qu'ils soient captifs ou menacés par la dégradation de l'environnement. Les dons permettent d'intervenir auprès des propriétaires de gibbons, de surveiller et d'entretenir les sites gérés par Kalaweit et de fournir la nourriture et les soins vétérinaires, ces derniers étant extrêmement chers.

Kalaweit reste à ce jour le seul organisme au monde à protéger les Gibbons.

 

Objectif 3500 amis...

 

Seuls moyens de pérenniser son action sur place, les dons et  l'opération 3500 amis. l'ONG recherche urgemment donc 3500 amis (320 à ce jour), particuliers ou entreprises, pouvant s'engager à verser par prélèvement automatique sur une période de 2 ans la somme de 5 euros minimum par mois. Ces sommes sont déductibles des impôts à hauteur de 66%. C'est un vrai défi solidaire. Pour atteindre ce but, Kalaweit à besoin de la mobilisation de chacun d'entre nous. Et pour tous ceux qui ne peuvent devenir amis de Kalaweit, d'autres actions de soutien sont possibles.


M.K

Photos : M.K.


Pour en savoir plus sur Kalaweit :

http://www.kalaweit.org

http://www.kalaweit.org/dons.php

http://chaneekalaweit.blogspot.com/

 

Vous pouvez également rejoindre les groupes de soutien sur facebook :

 "3500 friends to save Kalaweit, I took up the Challenge!" (français, anglais et espagnol.)

et :

"KALAWEIT : Gibbons and Siamangs rescue program in Indonesia"



02/05/2010
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